6 ans

Le 21 octobre 2022

En cette période d’anniversaire, on s’est posé pour faire le point. Vous re-raconter d’où on vient et surtout, vous dire où on va.

Vous étiez où il y a 6 ans vous ? Vous faisiez quoi ? C’était en 2016. François était encore président. On parlait pas encore anglais un mot sur deux. On n’avait jamais vu une trottinette électrique. Prendre un selfie était encore considéré comme nul. 6 ans, c’est environ 2 200 jours. Vous saviez qu’en moyenne on vit 30 000 jours dans une vie ? Ca veut dire qu’Asphalte a pour le moment existé 7,3% de nos vies et des vôtres. Ce qui est à la fois flippant, à la fois un peu rigolo.

Mais alors qu’est ce qu’il s’est passé ces 6 dernières années ?

Il y a 6 ans, il y a un siècle, il y a une éternité.

Il y a 6 ans, on était 4. Et on avait zéro client. Nada. Personne. Asphalte, c’était une idée. Autrement dit, du vent qui souffle dans un buisson qui traverse la route. Cette idée : faire peu de vêtements qui durent longtemps et dont on ne se lasse pas en 3 semaines. Voilà, grosso modo, c’était ça l’idée. Révolutionnaire hein ? Steve Jobs aurait été fier de nous.

Bon, comme on n’est pas non plus complètement flemdu, on a quand même ajouté deux volets à cette idée qui changeaient un peu la donne : vous faire participer à la réflexion sur chaque pièce pour éviter de se planter sur le design, et les lancer en précommande pour éviter de se planter sur les volumes.

Alors en 2016, jeunes, boutonneux, et pleins d’espoir, on lançait notre premier Pull Parfait.

Et ça a tout de suite pris. Vous étiez là.

C’est dingue de voir un projet s’embraser immédiatement, de voir des clients nous soutenir, de lire des messages (qui ne viennent pas de nos mamans) nous dire qu’ils ont hâte qu’on avance sur nos prochains produits.

C’est grisant d’avoir le sentiment d’avoir touché juste. Surtout quand la promesse est finalement si évidente :

- Faire des bons produits que les gens autour de nous veulent avoir.

- Eviter d’en faire plus ce que les gens ont demandé

- Faire produire dans des pays chez qui l’esclavagisme n’est pas ok.

Avec le temps.

Les années ont passé. Vite pour certaines, lentement pour d’autres. De victoire en échec, d’idée géniale qui ne marche pas en truc tout con qui cartonne.

On est passé d'une équipe de jeunots... à cette équipe de champions (et encore il en manque pas mal sur la photo).

Et vous êtes passés de 1 867 clients fin 2016, donc à peu près le nombre des gens dans l’eau…

à plus de 150 000 clients maintenant, donc à peu près ça selon Google. Mais vous n’êtes pas mexicains.

On a traversé beaucoup de belles choses. On a gagné une étoile sur le maillot national certes, mais pas que. Ensemble, on a créé une centaine de produits pour homme, et depuis l’année dernière, une dizaine de vêtements pour femme. D’ailleurs big up aux 13 000 femmes qui ont rejoint l’aventure cette année.

On vous a rencontrés à travers un pop up à Bordeaux en 2020, puis à travers de nombreux focus group qui sont toujours funs. Et puis on vous a vus de loin dans la rue, dans les restau, dans les bars, dans le train, dans la vie. On vous reconnait, parce qu’on reconnait nos fringues, même sur l’autre quai du métro. Et à chaque fois ça nous émeut. On a envie de vous parler, mais on saurait pas trop quoi vous dire. À part vous glisser à l’oreille : “Sympa ton pull”, avec un regard entendu. Mais ce serait bizarre. Alors on ne le fait pas.

On a vécu pas mal de trucs nuls aussi. Le covid par exemple, qui se place en top de sa catégorie des trucs nuls, suivi de près par cette année de merde. En interne, on s’est évidemment plantés sur plein de décisions, on a eu du retard dans des livraisons, on a parfois voulu aller trop vite. De votre côté, certains d’entre vous ont eu quelques soucis avec des produits. Et même si ça ne concerne pas tout le monde, chaque défaillance produit est vécue comme une trahison pour vous, et comme une défaite pour nous.

Voilà comment on pourrait résumer nos 2 200 derniers jours.

Et maintenant, où en est Asphalte ?

La notion du temps chez Asphalte

Eh bien, 2200 jours plus tard, le fond n’a pas vraiment changé. Et on pense qu’il peut être assez bien résumé par notre rapport au temps, qui est probablement une de nos particularités.

Quand on vous parle de durabilité d’abord. Parce qu’il est question de faire durer longtemps vos fringues. On préfère un bon jean qui tient longtemps que 5 qui vont vous lâcher après quelques ports.

Notre objectif, c’est que vous puissiez porter nos vêtements le plus longtemps possible. Et on aimerait bien qu’un jour, vous les filiez à vos enfants si vous en avez. Voilà bon, ça, c’est notre rêve. Voilà c’est dit. À vous de voir hein. Mais si vous le faites un jour, écrivez-nous. S’il vous plait.

Mais le temps chez nous, c’est aussi un pas de côté. Notre principe, c’est qu’un produit que vous allez porter des années vaut bien quelques mois d’attente.

Quand on parle d’expérience client notamment, on peut dire qu’on ne fait pas vraiment dans le “fast”. Entre le premier questionnaire où vous voyez un produit et le moment où vous l’avez sur les épaules, il peut se passer entre 9 mois et 3 ans. C’est long. Plus long que chez la plupart des enseignes de mode. On voit ça comme le temps nécessaire pour créer les produits que vous voulez dans les meilleures conditions.

Et quand il est fait, vous avez encore quelques mois de confection à attendre après l’avoir précommandé. C’est un peu dingue dit comme ça. Chez Asphalte, vous n’êtes pas livrés en 24h. La livraison express se passe plutôt en 2 mois. Et encore.

Alors on essaye de rendre l’attente agréable en vous envoyant des nouvelles de votre produit et de sa production. On essaye de donner plus de sens dans l’attente de votre produit précommandé que dans l’immédiateté d’un produit que vous achèteriez sur un coup de tête. En cultivant la patience, vous signez déjà pour plus de sobriété. Chapeau à vous.

Bon, cette année, l’attente a pu être plus longue que d’habitude. Le covid et la crise énergétique ne nous ont pas rendu la tâche aisée. Du coup on a eu du retard sur par mal de productions. Généralement, un retard ici ou là, ça va, vous êtes patients. Mais là, pendant 6 mois, c’était le festival. Alors merci pour votre patience. Et pour vos mots compréhensifs quand ça arrive.

Et vous, vous en dites quoi ?

On commence à se connaitre, vous savez sans doute qu’on aime bien se remettre en question. Alors ces derniers mois, on s’est demandé si vous étiez toujours ok avec notre modèle et notre manière de faire. Comme d’hab, on vous a posé la question. Et voilà ce que vous nous avez répondu.

Concernant votre rapport à la fast fashion, vous êtes une immense majorité à avoir conscience du problème, et à limiter vos achats. Et ça, c’est une excellente nouvelle.

Du coup, vous êtes assez ok avec notre modèle.

À propos de la précommande, vous nous dites grosso modo que oui c’est contraignant, mais dans l’ensemble, le système vous convient. Là encore, c’est hyper rassurant pour nous.

Sur ce que vous aimez chez nous, vous ne pourriez pas nous faire plus plaisir. Ça, c’est plus de 4 400 personnes qui applaudissent en même temps l’équipe produit. Et ça nous fait quelque chose. Non, non, ça va hein. Ça doit être le pollen.

Et là où vous pensez qu’on doit s’améliorer :

Dans l’ensemble, on est d’accord avec vous en fait. Nous aussi, on a arrêté de consommer chez la fast fashion. Nous aussi, on est convaincus que le modèle qu’on est en train de créer est plus sain, plus vertueux, et plus en accord avec les enjeux nécessaires de sobriété de demain.

On est aussi d’accord sur les choses à améliorer en priorité. Toute l’équipe produit est dessus pendant qu’on écrit ces lignes. On va vous proposer plus de couleurs sur nos vêtements, élargir la gamme avec des nouveaux vêtements, vous livrer pile au début de la bonne saison, et limiter au max les retards, évidemment.

Faire partie de la solution, pas du problème.

On vit une époque difficile. On commence à le savoir. La fin de l’insouciance et tout et tout.

On est en train de prendre conscience de l’urgence de la situation climatique, probablement comme vous. Alors plus que jamais, on y croit.

On veut faire partie de la solution, pas du problème. Et c’est pas toujours facile.

Le truc, c’est qu’on se retrouve dans une position compliquée. En psychologie, on appellerait ça un « dilemme moral ». Un peu comme quand il faut choisir entre la tarte au citron et le fondant au chocolat dans la queue de la boulangerie, mais en pire.

D’un côté, on est convaincus du bien-fondé de notre démarche. On connaît la valeur de nos vêtements et on se donne à fond pour créer une première main super quali et accessible, le tout avec un impact limité sur la planète.

De l’autre, on se dit qu’on participe un peu au merdier. On produit mieux que beaucoup d’acteurs, en plus petites quantités, en Europe et sans faire bosser des gosses… mais on produit quand même. Donc on mobilise des ressources.

Ce qui est difficile à gérer, c’est que les deux idées ont du vrai. On a beau être moins pires, on n’est pas des saints pour autant. Alors on fait quoi ? On stoppe tout et on laisse la main aux gros de l’industrie ? Notre réponse est non. Niet. Nein. No no no !

Parce qu’au fond, on sait que chaque client qui rejoint Asphalte est un humain qui tourne le dos à la fast fashion. Une âme de plus qui se détourne du pire. Chaque homme, chaque femme, chaque personne qui rejoint Asphalte est une personne qui vote symboliquement pour un monde moins dégueulasse demain. On n’est peut-être pas la solution à toutes les dérives de la mode, mais on sait que notre modèle est plus vertueux que la plupart des autres. Et même si nos pubs insta ne persuaderont pas 100% des gens à opter pour la sobriété et la durabilité, on se contentera de ceux qui rejoignent le mouvement. Rappelez-vous qu’au début on était 6… et qu’on est maintenant plus de 150.000.

Face à un dilemme moral, il y a généralement deux solutions : l’abstention et l’action. Nous, on a choisi (et on ne parle pas de la tarte au citron). Maintenant, c’est à vous.

Et dans 6 ans ?

Alors pour les prochaines années, essayons de faire encore mieux. Engageons-nous côte à côte pour créer ensemble humblement une marque qui cultive le plaisir du beau vêtement et l’exigence la qualité, tout en limitant nos impacts.

On n’est pas activistes, pas médecins, pas dirigeants du G7 ; on ne sauve pas le monde. On n’est que des petits fabricants de vêtements dans un monde vaste et compliqué. Mais les vêtements qu’on fait, on les fait bien, avec nos tripes, et avec votre aide.

Comme le cordonnier de Jean-Jacques Goldman : on y met du temps, du talent et du cœur. Et on continuera de bosser par passion. Parce qu’on affronte mieux le destin quand on est bien dans ses pompes. Parce que les coups du sort sont amortis par un beau drap de laine. Parce qu’un rendez-vous dans une belle chemise est déjà plus qu’un simple rendez-vous.

Pour ça, pour tous les moments de vie qui méritent d’être sublimés, on continuera de bosser et de le faire de mieux en mieux. Relocalisation après relocalisation, kilomètre après kilomètre, gramme de phosphore après gramme de phosphore, fil de coton bio après fil de coton bio, on gardera la tête baissée sur notre ouvrage pour vous offrir le meilleur du vêtement : ces petits trucs futiles qui vous permettent de profiter pleinement de l’essentiel.

Avec honnêteté, avec humilité, avec dignité, avec conscience, et avec vous, on continuera de filer l’espoir pour bien habiller la vie.

Alors dans 6 ans on espère :

- que le covid sera un mauvais souvenir
- qu’Asphalte aura doublé Zara dans le cœur des français
- que la planète terre fera encore partie du système solaire
- que la préco fera partie des habitudes de chacun pour de bon
- que Bruno Le Maire aura acheté notre col roulé dans toutes les couleurs
- qu’on sera passé à 100% de fringues entièrement tracées
- que la fast fashion sera aussi has been qu’un wizz sur MSN

Merci d’être là, merci de suivre, merci d’y croire. Ensemble, on va peut-être pas changer le monde, mais on va essayer de changer de mode.

A plus dans le bus. Et si jamais quelqu’un regarde bizarrement votre pull, vous saurez que c’est probablement l’un d’entre nous.

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